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La langue des oiseaux
Langue des oiseaux
La langue des oiseaux est une langue fictive et secrète qui consiste à donner un sens autre à des mots ou à une phrase, soit par un jeu de sonorités, soit par des jeux de mots, soit enfin par le recours à la symbolique des lettres. Principe Il n'est pas interdit de voir dans l'expression de « langue des oiseaux » une analogie avec sa dimension aérienne puisqu'au final elle consiste à faire « décoller » le son, à l'entendre plutôt qu'à le lire. Il s'agit donc de ne plus se fier à l’« écrit », mais aux « cris », entendus ceux des oiseaux, des mots chantés donc. L'exemple suivant permet d'en comprendre le principe : phrase codée : « Vois si un mets sage se crée, dit sans les mots » phrase décodée : « Voici un message secret disant les mots » Le symbole En jouant sur les lettres, les sons ou les sens, la langue des oiseaux a trait au symbole. Le symbole, du grec « seumbolon », selon la tradition hermétique et gnostique, ne peut être saisi que dans une image (analogie, parabole) ou une correspondance (métaphore). En effet, le discours herméneutique détruit la dimension symbolique, expliquant une réalité qui échappe à la raison. En soi, le jeu de mots est la meilleure façon d’approcher la dualité paradoxale du symbole. La langue des oiseaux est donc intimement liée au « langage des symboles ». La différence des termes exploite en effet toute la nature de l’opération de transformation entre les deux plans : si la langue renvoie à un système codifié (phonétique, linguistique...), le langage lui est une faculté qui ne répond à aucun système. Néanmoins les analogies, qu’exploite la langue des oiseaux, existent : Comme les mots, les symboles ont un sens, voire plusieurs sens Comme les mots, les symboles ont un passé. L’étymologie du mot renvoie à sa valeur première ; le symbole également possède une lignée d’images. Comme le mot, arbitraire depuis Ferdinand de Saussure (il ne représente pas la chose qu’il désigne), le symbole décrit lui une réalité émotionnelle avant tout ; de même que le mot qui a une charge affective. Au final, les mots sont des symboles dans la langue des oiseaux, qui mènent vers des enseignements occultes. L’alchimie, qui est une mise en images et en textes du Grand Œuvre utilise ainsi le symbolisme des mots pour tisser des correspondances entre les concepts. Ce codage assure la pérennité des concepts et images, car seule l’initiation peut fournir la clé des rapports entre les mots. Tout comme le symbole (qui est un raccourci par l’image), ce langage des mots fait prendre des raccourcis de pensée. La langue des oiseaux fonctionne de la même manière que les signes en mathématiques ou en physique, les équations par exemple. La formule E = mc2 est très significative : si tout le monde en voit la portée (la relativité générale), seuls les « initiés » (les mathématiciens) peuvent l’interpréter, et davantage même, la manipuler. La Divination et les auspices Dans l'Antiquité Latine, les oiseaux passaient pour messagers des dieux. L'auspicie, divination par le vol des oiseaux dans un carré magique projeté sur le sol (ou « templum ») permettait de comprendre les intentions divines. Les « auspices » (de aves spicere : « observer les oiseaux ») étaient une méthode avant tout visuelle qui prenaient en compte également le cri des oiseaux observés. Depuis les temps immémoriaux, les cris des oiseaux sont une métaphore adéquate pour l'esprit humain, dans sa tentative de cerner les messages codés de la Nature. Sous l'influence chrétienne, la langue des oiseaux deviendra « langue des anges », gardant ainsi toute la dimension de communication entre le monde visible et invisible qu'elle avait à l'origine. La langue des Oiseaux apparaît surtout à travers le système médiéval de codage inventé par les trouvères et troubadours afin de faire passer des messages qui déjouaient la censure des autorités, notamment ecclésiastiques. De nos jours encore, les jeux de mots et surtout les calembours sont des résidus populaires de cette langue poétique.Par exemple le mot « maladie » pouvait contenir un sens codé : c’est le « Mal qui dit » et cela pouvait renvoyer à une institution ou une pratique visée.A l’inverse, la « Bénédiction », c’est « la Bonne Diction » qui renvoyait peut être à l’art poétique. Autre exemple : les expressions de « Bonne Heure » (= Bonheur) et de « Mauvaise Heure » (= Malheur). Le Tarot de Marseille et la langue des oiseaux Le Tarot de Marseille, méthode de divination médiévale obéissant à la transmission orale (on ne l’apprend que par initiation), semble fonctionner sur les possibilités de la langue des oiseaux que ce soit par les anagrammes, les rébus ou l’homonymie. Les initiés du tarot ont l’habitude de résumer son but par l’expression : " le Tarot contient de 22 lames ses leçons". Si on y applique le principe de la langue des oiseaux, on peut entendre (et non plus lire) : « le Tarot qu'on tient, devin de lames, c'est le son », sorte de maxime élucidant la méthode à l’œuvre dans cette méthode de divination. Néanmoins ce sont les images qui sont surtout à décrypter dans le Tarot de Marseille. Ces Arcanes semblent toutes contenir, par l’image ou le texte, un sens double, caché. La « lame » intitulée Tempérance renvoie en effet à l’expression développée : "Temps errance", qui correspond dans l’astrologie aux sources du tarot à l’ère du Verseau, figure qui apparaît sur la même Arcane. Par ailleurs, Les oiseaux ne sont pas absents des dessins du Tarot, en effet quatre « lames » mettent en scène les volatiles.Ces apparitions sont pour certains un code en soi permettant l’utilisation de la langue des oiseaux, nécessaire à la pleine compréhension des arcanes. La lame dite de la Papesse (2ème arcane), paraphrasée en " lame air du Tarot " semble contenir l’idée même de la langue des oiseaux comme seule clé de compréhension du tarot ; on peut en effet la faire correspondre à l’expression homophonique : " la mère du Tarot ". Le symbole de l’air (domaine des oiseaux) comme source d'inspiration serait un signe conseillant de lire le Tarot de Marseille avec le son. Cette correspondance fait écho à la symbolique alchimique de l’air comme univers du « volatile » (par opposition au "fixe"), du secret dissimulé qu’il faut rendre visible (terrestre) par l’Oeuvre. On peut également voir dans le nom de « tarot » une correspondance avec la forme phonétique «taraud » renvoyant au verbe « tarauder » qui signifie creuser, percer une matière dure, et qui s’emploie aussi dans une acceptation figurée (cette question me taraude par exemple). Le tarot serait un art du « creusement du sens » en somme.De même chaque arcane peut également correspondre phonétiquement à un autre sens que son nom inscrit sur la carte, désignant au final des étapes dans l’initiation : « le Bas te leurres » (Bateleur), « l'air mythe » (Ermite), « Temps errance » (Tempérance), « L'âme est son Dieu » (La Maison-Dieu).Néanmoins les significations appartiennent à ceux ayant crée ce code, la langue des oiseaux nous permet de dresser des correspondances de sons, mais pas elle ne nous permet pas d’accéder au sens premier, sinon par analogie. Langue des oiseaux et psychologie Les jeux de mots : fenêtre sur l’inconscient Pour la psychanalyse, l’inconscient utilise un langage codé permettant d’exprimer un sens dit « latent ». Le rêve « parle » la langue des oiseaux Le sens des mots dans les rêves est exploré la première fois par le psychiatre Carl Gustav Jung qui, en fondant la mythanalyse pose que « Si abstrait qu’il soit, un système philosophique ne représente donc, dans ses moyens et ses fins, qu’une combinaison ingénieuse de sons primitifs ». Le mot, en plus d'avoir un sens abstrait est chargé émotionnellement. |
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